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8 avril 2017

Le Padre Xavier Malle nommé évêque de Gap

La communauté Goum s'associe à la joie de la nomination du Padre Xavier Malle qui fut lanceur et aumonier goum, comme évêque du diocèse de Gap Padre Belle mission Monseigneur !




27 mai 2014

L'Eglise n'a pas dit son dernier mot

Est-il moderne de croire en Dieu ? Croire à une seule vérité est-il intolérant ? Les chrétiens sont-ils ringards ? Le Padre Matthieu Rougé, qui vient de faire paraître L'Eglise n'a pas encore dit son dernier mot ! (Robert Laffont) est l'ancien responsable du Secrétariat pastoral d'études politiques du diocèse de Paris. Aujourd'hui, curé de Saint-Ferdinand-des-Ternes, il secoue les chrétiens de leur torpeur et nous propose une petite leçon d'optimisme face au défaitisme ambiant. Mais, pour changer le cours des événements, "les chrétiens doivent se former humainement, politiquement et spirituellement"... Voir la video



30 décembre 2013

La prière de demande…ou l’expression du désir de l’homme

Jésus dit encore une parabole pour montrer à ses disciples qu'il faut toujours prier sans se décourager : « Il y avait dans une ville un juge qui ne respectait pas Dieu et se moquait des hommes. Dans cette même ville, il y avait une veuve qui venait lui demander : 'Rends-moi justice contre mon adversaire.' Longtemps il refusa ; puis il se dit : 'Je ne respecte pas Dieu, et je me moque des hommes, mais cette femme commence à m'ennuyer : je vais lui rendre justice pour qu'elle ne vienne plus sans cesse me casser la tête.' ». Le Seigneur ajouta : « Écoutez bien ce que dit ce juge sans justice ! Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient vers lui jour et nuit ? Est-ce qu'il les fait attendre ? Je vous le déclare : sans tarder, il leur fera justice. Mais le Fils de l'homme, quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur terre ? » Lc 18, 1-8
Il y a quelques semaines, la liturgie dominicale nous a invités à méditer sur la prière de demande à partir d’une parabole communément appelée « la parabole de la veuve et du juge inique ». Un récit déstabilisant à double titre. La demande de Jésus – « Il faut toujours prier sans se décourager » est maintes fois répétée dans l’évangile – nous connaissons par coeur ces autres paroles : « Cherchez et vous trouverez, demandez et vous recevrez, frappez et la porte sera ouverte… ». On peut aussi penser à la prière du Notre Père, prière de demande par excellence.
Pourtant, qui de nous, confronté à une épreuve ou un évènement douloureux, ne s’est jamais interrogé sur l’efficacité de la prière de demande ? Comment comprendre parfois que notre persévérance dans la prière semble si peu efficace ? Je pense au cri de douleur rapporté récemment, de ce père de famille, effondré, alors que sa fille de 14 ans venait de mourir au terme d’une semaine de coma. Interpellant son beau-frère, il lui a posé cette question : « Elles sont passées où, toutes tes prières ? ». Est-ce si utile de « prier sans se décourager » ?
Notre évangile est déstabilisant également parce que la parabole que Jésus raconte pour fonder la nécessité de demander dans la prière donne ce sentiment que Dieu cède à nos prières par souci de notre bien pour être tranquille – un juge donne raison à une pauvre veuve qui le supplie de rendre justice non par souci du bien et de la vérité, mais « pour qu’elle ne vienne plus me casser la tête ».
Il faut nous souvenir ici que le rôle d’une parabole n’est pas de tout dire – ici, de tout dire sur la prière de demande. Mais simplement de faire passer une idée maîtresse. Ce qu’il nous faut retenir, c’est l’importance, voire la nécessité vitale, pour notre coeur d’homme – de la prière de demande. La parabole de la veuve ne doit pas nous focaliser sur le comportement du juge – Jésus n’est en train de nous dresser un portrait de Dieu – mais elle doit nous aider à comprendre ce que Jésus nous dit au début du récit : « Il faut toujours prier sans se décourager ». Accueillir la parabole, c’est donc contempler le comportement de la veuve, la persévérance de sa demande et l’appel à avoir nous-mêmes la même attitude.

Si Jésus insiste sur la prière de demande, c’est parce que celle-ci fait partie de notre être profond en tant que nous sommes des êtres de désir.
 Nous sommes davantage « homme » quand nous pouvons exprimer ces désirs. Ne pas exercer cette possibilité, ce serait atrophier une de nos facultés. De même que nous trouverions ridicule de ne pas utiliser nos mains ou nos jambes – alors qu’ils nous ont été donnés pour que nous nous en servions – de même, il serait ridicule de ne pas utiliser la prière de demande alors qu’elle fait partie de nous, pleinement, pour nous unir à Celui qui nous a créés.
Dieu, de son côté, n’a pas besoin de nos prières de demande. Il connaît l’état de notre cœur. Il sait quels sont nos besoins. Si le plus souvent, il ne répond pas à directement à ces besoins, c’est parce que la liberté de l’homme est en jeu – et le Seigneur ne veut pas mettre la main sur notre liberté. L’amour ne force jamais les choses – sinon, cela devient un viol. Parfois, alors que l’homme ne semble pour rien dans une situation de détresse, Dieu semble demeurer silencieux. Le silence – en apparence – de Dieu ne peut être perçu que dans un acte de foi, autrement dit, sans mettre notre vie en perspective avec la vie éternelle vers laquelle nous marchons. C’est l’image parfois utilisée de la tapisserie, dont ce monde serait simplement l’envers… : des fils semblent mal agencés… Il y a des nœuds inesthétiques… il nous faut être patient pour voir la beauté de l’œuvre, de l’autre côté.
Alors si le Seigneur nous demande de « prier sans cesse, sans nous décourager » - tant d’autres passages de l’écriture insistent – c’est sans doute pour une autre raison. Elle ne peut pas avoir pour objectif « d’obliger Dieu » à satisfaire à nos besoins. Il s’agit plutôt de demeurer dans le « souvenir de Dieu », selon la belle expression des pères de l’église. Se rappeler que Dieu est constamment à l’oeuvre dans notre existence et dans l’histoire. Avec le maintien de ce souvenir dans notre mémoire, peu à peu, imperceptiblement, nous nous familiarisons avec Lui jusqu’à être capables de discerner comment vivre conformément à Sa volonté. Nous sommes façonnés par ce qu’Il est Lui-même. Sous sa bonne influence. Dieu veut le bien de tout homme, nous ne pouvons en douter.La seule chose qu’Il nous demande, c’est d’accepter Son désir de nous trouver en communion avec Lui. Tel est le cri qui jaillit du coeur de Saint Augustin après sa conversion et qui continue de traverser les siècles : « Tu nous as faits pour Toi, Seigneur, et notre coeur est sans repos, tant qu’il ne demeure en toi ».
C’est pour cela que la prière du Notre Père est la plus belle des prières de demande. Avec en son coeur, cette demande la plus essentielle, parce qu’elle révèle Jésus, le Christ, l’homme Dieu : « Que Ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » - associée au pain, lieu de la communion avec Lui. Jésus veut être  dans cette volonté jusque dans sa passion, au jardin de Gethsémani.
Peut-être que tout cela, nous le comprenons bien, intellectuellement… mais nous nous sentons bien pauvres, hésitants, pour formuler ces prières. Il faut alors nous souvenir que notre prière rejoint toujours l’immense flot de prière de toute l’Eglise. Lorsque notre prière faiblit, nous avons le soutien de la prière de nos frères – vous utilisez peut-être parfois ce terme au bas de vos lettres : « union de prières ». Quelle belle expression ! Les saints, dans la communion du ciel et de la terre, nous aident à porter nos fardeaux lorsque notre prière défaille.
À quelques jours de Noël, en vivant ce mystère dans l’Espérance que Dieu nous a déjà donné ce que nous demandons, nous exprimons notre foi en cette communion qui associe le ciel et la terre. Dans la prière de demande, nous ne sommes jamais seuls, mais membres d’un corps, en marche vers la Jérusalem céleste.Noël est un temps de grâce. N’ayons pas peur de demander.

Padre Sébastien

1 avril 2013

Sauver la liberté


Le RP Forestier n'a pas connu les Goums.... Mais ce qu'il écrivait dans les années 50 mérite toujours d'être lu
                 
"Ce qui est sûr, c'est que plus que jamais, il nous appartiendra de former des esprits aptes à juger, aptes à opposer aux slogans des antidotes. Plus que jamais il s'agit de former des hommes qui auront en eux le gouvernement de leur vie, et qui resteront des hommes parce qu'ils sont les fils de Dieu . Le Scoutisme (les Goums ?) a peut-être dans ce domaine son plus beau rôle à jouer : Sauver la liberté et la grandeur de l'homme"
 

31 janvier 2013

Engagement des chrétiens en politique : l'enseignement du Padre Matthieu Rougée

Curé de St Clotilde à Paris et aumônier du monde politique français pendant 9 ans, le Padre Rougé était parmi les Lanceurs lors du réveillon du 31 décembre dernier en Suisse. A cette occasion, il nous a livré un enseignement sur l'engagement politique des chrétiens dont voici... les grandes lignes, à défaut d'avoir le script intégral...

  • Attention aux attentes excessives vis-à-vis de la politique et des hommes politiques.
  • Seul le Christ est Sauveur !
  • Il faut une véritable philosophie politique : la politique seule ne peut pas « changer la vie ». 
  • La raison a besoin d’être éclairée par la foi mais le bien commun est accessible à la raison humaine.
  • La distinction entre le spirituel et le temporel est l’un des fruits du Christianisme.
  • La Loi de 1905 instaure la séparation entre l’Eglise et l’Etat (« distinction » serait plus adapté que « séparation ») mais pas entre l’Eglise et la société. Il n'y a aucune raison de ne pas prendre la parole !
  • Ceux qui prétendent qu’un homme politique chrétien ne peut pas « imposer » des vues chrétiennes à la société ne comprennent pas que l’appartenance confessionnelle n’empêche pas d’argumenter en raison à partir de ses convictions.

Il y a beaucoup de modes d’action en politique. Au-delà du devoir de citoyen-électeur, on peut s’engager dans la vie associative, manifester et prendre des responsabilités au niveau local (très beau service) ou dans un parti politique. Dans tous les cas, attention de ne pas en faire un absolu, attention à la fascination et à l’impact sur l’équilibre personnel et la vie familiale.
Nous ne sommes pas une petite minorité ! 60% des Français se disent encore chrétiens. 20% des enfants sont dans l’enseignement catholique. 35 000 clochers sont entretenus en France, qui sont symboles de notre identité.
  • La réalité historique est plus forte que les aléas de l’histoire. Il n’y a jamais eu autant de catholiques et de prêtres dans le monde qu’aujourd’hui.
  • Nous devons être pleinement dans le monde mais pas "du monde", comme l'a dit le Christ
  • Attention au risque d’enfermement, d’absorption et de dilution. Cf. Maurice Clavel « Dieu est Dieu nom de Dieu ». Dialoguer, accueillir des gens différents de nous.
Faut-il développer une contre-culture ? Il faut assumer la contradiction mais rien ne peut se construire de grand contre quelque chose. Etre capable de dire non mais construire une culture pour la vie. (Extraits seulement, basés sur la prise de note d'un Goumier...)

9 octobre 2012

En Terre Sainte, sur les pas du Christ

En juin 2012, la basilique de la Nativité de Bethléem, le plus ancien édifice chrétien de Terre sainte (Ve siècle) conservé a été classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. On peut s’en réjouir, d’abord parce que cette église vénérable méritait une attention spéciale, et puis parce que la Palestine, membre récent de l’UNESCO, avait besoin d’un signe concret de l’attention de tous eu égard au patrimoine dont elle est chargée. Mais au final n’est-il pas cocasse que Bethléem, lieu saint par excellence, où le Verbe de Dieu s’est manifesté pour sauver l’humanité de la perdition éternelle, fasse l’objet d’un classement humain ? À Bethléem, ne convient-il pas surtout de se rappeler que l’humanité a été classée au patrimoine éternel de la divinité ? Un tel classement, depuis vingt siècles, assure la pérennité de notre race ! L’attention d’une société de nations pacifiques vis-à-vis de Bethléem est certes chose réjouissante : mais ô combien plus encore l’amour insondable de Dieu venu sauvegarder, pour ne pas dire « sauver », ce qui était voué à l’effondrement et à la disparition !

Les lieux saints : Bethléem, Nazareth ou Jérusalem, pour ne citer que les principaux, sont des sites marqués, classés, par Dieu, pour que nous fassions mémoire de sa bienveillance « en faveur d’Abraham et de sa race à jamais » (Luc 1, 55).
 
En ces lieux, dits saints, que Dieu nous a désignés, que la tradition juive puis chrétienne a reconnus, dont le souvenir nous a été transmis, nous venons nous ressourcer, nous rappeler que Dieu s’est intéressé à nous. En ces lieux qu’il a visités, où le Ciel a touché notre monde, nous voulons venir toucher le Ciel, notre Patrie véritable.

Nous n’allons pas seulement visiter des sites ou des lieux saints : nous allons placer nos pas dans le creux des chemins où Jésus a marché. Mieux que cela : nous allons peiner, avoir faim et soif là où Dieu lui-même a peiné, a eu faim et soif, où il a cheminé avec ses disciples lents à croire à la Révélation suprême de son amour.
« Goum », comme me le rappelait un frère orientaliste, signifie le fait d’avoir levé un groupe de personne pour une mission spéciale — référence aux goumiers d’Afrique du Nord. Alors, oui, « levons-nous ! Partons d’ici ! », suivons Jésus qui nous presse d’entrer avec lui dans sa Pâque (Jean 14, 31). Partons avec lui, légers, en déposant tout soucis du monde ; faisons-lui confiance : il connaît ce monde, il nous connaît ; avec lui si nous mourrons, nous vivrons pour toujours. De façon certaine il nous a classés en son patrimoine : apprenons à vivre comme lui, avec lui, en ces lieux qu’il a visités.
Padre Nicolas-Jean, op.

2 juillet 2012

Le raid goum, révélateur de l’aventure qu’est la vie de chacun de nous

Belle méditation sur l'aventure proposée par le Padre Benoit Rivière dans la belle étoile de Pentecôte :

En commençante cet article pour La Belle étoile, je me tourne dabord vers Michel et Madeleine MENU, unis dans le mariage, compagnons déternité. Madeleine, vous le savez, vient dêtre rappelée a la maison du Père. Sans Madeleine, Michel naurait jamais réalisé tout ce quil a porte en lui de passion pour léducation des jeunes et des adultes. Avec les amis Goumiers, mais aussi à la suite de ceux qui ont suivi Michel et Madeleine depuis encore plus longtemps dans laventure du scoutisme, nous vous sommes tellement redevables ! Michel et Madeleine, vous nous avez donné le gout de la seule aventure qui vaille la peine de tout risquer : celle de notre vie personnelle reçue de Dieu pour en faire une offrande. Les Goums sont certes une aventure objective depuis 40 ans. On peut la décrire : elle a ses caractéristiques et elle sinscrit dans lhistoire de lexpérience éducative marquée notamment par des héritiers spirituels du Père DONCOEUR. Ce nest pas mon propos de reprendre ici en elle-même laventure des Goums, mais plutôt de réfléchir avec les lecteurs de ce numéro de La Belle étoile a cette question : le raid Goum nest-il pas un révélateur précieux de laventure intérieure quest la vie humaine et personnelle de chacun de nous ?
Est-ce que le raid Goum ne renvoie pas finalement chaque participant à cette prise de conscience : que fais-tu de ta vie reçue de Dieu ? En fais-tu une unique et belle aventure ?
Ou bien vas-tu te disperser continuellement dans la quête de multiples aventures toutes plus ou moins décevantes, que tu auras menées pour toi au lieu de les mener avec et pour les autres ? Quest-ce que ma vie ? Qui suis-je ? Au lieu de tourner en rond avec ces questions, le raid Goum propose une expérience dEglise, c'est-à-dire une expérience de convocation pour marcher au désert et pour y marcher ensemble. Là nous découvrons paradoxalement ceci : ce nest pas à lextérieur de ma vie profonde que je dois chercher à magiter et à me donner et ce nest pas sans les autres ; cest plutôt à partir du secret de mon âme, ou Dieu mattend comme mon Père et où il me donne sa lumière : . Ton Père est là dans le secret. . Et il nous donne dans Sa lumière de voir nos frères. Jai reçu de mon Père la vie. Il est mon créateur et mon Dieu. Il me conduit avec les autres vers le lieu où se refont les forces et la joie de la vie véritable : habiter en frères et en fils la maison de Dieu tous les jours. Celui qui se connait peu à peu devant Dieu, celui qui ne fuit pas cette lumière bienheureuse de lamour dont Dieu laime, entre alors dans la véritable aventure qui naura pas de retour pur et simple à la case départ : offrir sa vie avec le Christ. Faire de notre vie peu à peu, pas à pas, un simple acte damour, voilà laventure qui peut combler le désir profond de lêtre humain. Avec sa méthode toute ordinaire, le raid Goum conduit librement à passer de légoïsme au don, a passer des petits divertissements a la vraie joie, a passer finalement du piétinement sur place à la marche du pèlerin au grand large. Au fond, le raid Goum est un peu comme un déclencheur salutaire de la vie personnelle découverte comme laventure. Par excellence : je suis moi-même laventure que je peux mener, des lors que je me laisse ouvrir loreille et les yeux à ce que Dieu dit et montre, des lors que je quitte mon territoire et mes habitudes pour aller vers les autres, comme Abraham partant avec toute sa famille vers le lieu que Dieu lui montrerait.

11 mai 2012

Goumiers, Goumières, créature et création

Une belle méditation donnée par le Padre Michel dans la dernière édition d'A LA BELLE ETOILE de Pâques

La Goumière, le Goumier : des créatures. Créatures dans la création ; créatures en création ; créatures de l'univers visible ; créatures de l'univers invisible ; créatures du Père ; créatures dans le Fils ; créatures vivantes d'Esprit ; créatures jugées ; créatures ressuscitées ; créatures vivantes. Le Credo décline tant et tant de modes d'être des créatures, pourtant issues d'Un Seul Acte créateur, qu'ils prennent des couleurs arc-en-ciel selon les personnes de la Trinité, ou les étapes de l'économie du Salut.

Et la créature particulière qu'est la Goumière et le Goumier en profite ! Créature rayonnante dans la brise réconfortante et les descentes bénies, dans les mélodies illuminatrices autour du feu qui chante, le sourire des cieux et les étoiles aux visages des filles et des garçons. Créature jugée, au crible de la Montée de la Farine et dans la soif aride qui crevasse la langue, dans la durée immobile d'un jour trop long et d'une ligne trop droite et monotone, dans le lancinement d'une hanche ou d'un genou gênant. Créatures vivifiées par une solide bourrade amicale qui relance quand on cale, ou l'esprit qui vagabonde en pleine liberté et imagination féconde au cours de la méditation.

La Goumière et le Goumier sont des créatures bien particulières puisqu'elles expérimentent consciemment les façons multiples dont l'Unique Acte créateur a su habiller son mystère. Le Credo, lui aussi, en sa sagesse couturée de coups et de Goumiers et Créatures Sur les sentiers du Credo luttes dans les Temps de nos Pères, nous offre une piste à suivre. À la manière d'un chemin du Causse : un seul chemin, et tant de paysages !

Nous sommes créatures, et nous aussi passons par des intensités variables de conscience et participation à cette nature créée. Parfois présents, souvent absents, réussissant à l'occasion, échouant plus qu'on ne voudrait, mais toujours créatures. Créatures par essence éternelle, par existence momentanée, par humilité de conscience : la créature qui gît dans la Goumière et le Goumier est unique en même temps qu'elle est variable ! Le pèlerin russe dit de lui-même, en se présentant à la première page de son récit : « Par la grâce de Dieu, j'ai été créé homme et pécheur ». Être Goumière et être Goumier, c'est être une créature, dans et par ces variations, qui révèlent l'Unique Acte créateur, celui qui vient du Seigneur et qui s'en va vers notre liberté ressuscitée, jamais méritée et toujours graciée, en passant par le risque du mal, infligé ou pâti.

Goumières, Goumiers, créatures, nous n'avons donc pas un regard béat ou photographique devant un Aigoual, une gorge, un Tarn ou un Point Sublime. Non : un clin d'oeil complice, de créature à créature, embarquées dans le même élan. Nous n'avons pas non plus le visage attristé par un village abandonné et envahi par les ronces, un bas-fond qui nous fait perdre l'azimut. Au contraire, nous avons la vision consciente de ce que la création est laide quand elle est emprise dans la tortuosité du mal. Devant la Création, exaltante ou décevante, nous, créatures et marcheurs, nous communions.


Le premier lanceur de mon premier raid (il se reconnaîtra) confiait une conviction au « Padre-questionneur » que j'étais (et suis toujours encore hélas) qui se demandait comment on faisait adoration en raid : « Padre, l'adoration Goumière, elle n'est pas d'abord eucharistique : l'hostie, on la mange le matin. Elle n'est pas d'abord biblique : l'évangile, on le referme après la méditation. Ces adorations sont justes et bonnes, mais elles viennent après la vraie, la puissante, la constante et la première des adorations du Goumier : l'adoration cosmique, celle de la Trinité en acte dans les heures et les lieux, les terres et les ciels du Causse. C'est le Goumier qui devient avec son Christ une Hostie dans l'ostensoir de la Création ». Il avait tout dit. Et maintenant, créature, fais silence.



Padre Michel Besse, spiritain Volontaire permanent d'ATD Quart-Monde

20 décembre 2010

Il a bivouaqué parmi nous

Nous avons été gratifiés pendant tout notre raid goum d’un temps idéal pour la marche et les bivouacs : « Merci Seigneur ! ». Mais au soir du grand rassemblement des 40 ans célébrés sur le Mont Chabrio, le dernier soir pour nous, la pluie nous a rejoints ; nous l’avons accueillie comme une bénédiction finale du ciel. Deux heures durant, emmitouflés dans nos parkas, en cercle autour d’un bon feu pour faire bouillir la marmite, nous avons échangé nos impressions et fait le bilan de cette semaine exceptionnelle. Malgré le temps, la joie était à son comble : le Christ était là. M’est alors venue à l’esprit la réalité du mystère de l’incarnation du Verbe dans toutes ses dimensions. La traduction liturgique du verset 14 du prologue de saint Jean est un peu édulcorée : « Le Verbe s’est fait chair et Il a habité parmi nous ». Le verbe hébreu, transcrit par saint Jean en grec, signifie mot à mot : « Il a planté sa tente parmi nous ». C’est dire la proximité de Dieu pour le peuple itinérant que fut Israël dans son histoire : au cœur du campement dans le désert, Dieu vient planter sa tente, signifiée par l’arche d’alliance.
En tirant un peu cette réalité, j’ai proposé aux goumiers qui m’entouraient une traduction plus réaliste encore : « Il a bivouaqué parmi nous ».
 Jésus était là à nos côtés, sous la pluie, et se réchauffait avec nous auprès du feu. Oui, en Jésus, Dieu n’a pas fait semblant et la réalité de l’Incarnation nous invite à être des hommes et des femmes incarnés. C’est l’un des aspects forts de l’expérience goum :

- (re)découverte des potentialités et des faiblesses de notre corps si peu ou si mal sollicité dans notre société contemporaine. L’homme n’est pas que cérébral ; la spiritualité par les pieds (surtout lorsqu’ils nous font mal) vient unifier la totalité des composantes de la personne humaine. La purification physique par l’effort éveille nos sens, leur rend toute leur noblesse et renouvelle notre rapport à soi, aux autres, à Dieu.

- le rapport à la nature au cœur de laquelle, dans la marche quotidienne, nous découvrons les traces du Créateur : splendeur des paysages dans le soleil levant et couchant tout autant que sous la pluie, richesse de la faune et de la flore, qualité du silence permettant presque d’entendre les battements du cœur de Dieu etc.

- attention aux autres dans le partage de ce qui fait le tréfonds de chacun comme de ses misères passagères liées à la marche, à la fatigue, à la faim, etc.

L’homme n’est pas un cul-de-jatte, mais un marcheur, un pèlerin devant l’Éternel. Dieu se fait proche :

- Comme jadis dans le désert où il manifeste sa présence dans la nuée, puis la tente de la rencontre où séjourne l’arche d’alliance, Dieu se fait proche !

- Comme jadis à Bethléem une certaine nuit de Noël, « où il vient bivouaquer parmi nous », Dieu se fait proche !

- Comme jadis sur la route d’Emmaüs où il rejoint deux disciples, Dieu se fait proche du désarroi de l’Homme !

- Comme jadis, aujourd’hui Dieu appelle chacun de nous pour incarner sa puissance (c'est-à-dire son dynamisme) de vie et d’amour et redire aux autres, en leur exprimant concrètement la grandeur de l’Homme, la grandeur de Dieu, la puissance de la vie et la beauté de l’amour, et cela dans les choses les plus humbles : « faire grandement les petites choses », disait sainte Thérèse de l’Enfant Jésus.
ce trésor que vous avez découvert, faites-le découvrir à d’autres jeunes : ils crèvent de faim et de soif, de vrai, de beau, de pureté
Alors, chers amis goumiers, ne tardez pas : ce trésor que vous avez découvert, faites-le découvrir à d’autres jeunes : ils crèvent de faim et de soif, de vrai, de beau, de pureté. Dieu vous envoie vers eux. En son nom, traduisez en acte et en vérité l’un des fondements de la foi chrétienne : « Le Verbe s’est fait chair et Il a bivouaqué parmi nous ».

Padre Olivier Mabille

30 octobre 2010

Le Goum, une parcelle du Royaume de Dieu

Un Goum, osais-je annoncer au seuil de celui que nous venons de vivre, c'est une parcelle du Royaume de Dieu : car, au Ciel, nous retrouverons et nous nous rappellerons tout ce que nous aurons vécu pendant une semaine d'itinérance. A la dure (quoique raisonnablement), dans le dépouillement des faux semblant, appuyés sur la Parole de Dieu, fortifiés par les sacrements d'Eucharistie et de Réconciliation, éveillés à l'écoute intérieure, alertés par les enseignements de l'Eglise et la générosité de nos compagnons de route, rejoints par la simplicité du feu, le silence, la beauté de la Création. JESUS EST LA. Oui, Jésus vit au milieu de nous pendant un Goum. Et cette Vie, c'est déjà le Royaume.

P. Nicolas-Jean, op., été 2008

10 octobre 2010

Impressions... par le Père Olivier

Au terme de mon ixième goum en 2005, je m’étais juré qu’il serait le dernier ! Comment ne pas remercier ceux qui m’ont appelé à participer au 40ème anniversaire et à Stéphane de m’avoir sollicité pour accompagner son propre raid. Aujourd’hui, je me suis juré, tant que je ne suis pas dans une petite voiture, de poursuivre l’aventure Goum, ne serait-ce que pour entretenir ma santé physique, mentale et spirituelle, mais plus encore pour vivre avec d’autres, particulièrement les jeunes (on l’est jusqu’à 100 ans dans sa tête, si on le veut bien !) l’appel et l’aventure du désert.

Je garde au plus profond de ma tête et de mon cœur la célébration du 40ème anniversaire du trait de génie qui a traversé la pensée de Michel Menu pour entraîner depuis des milliers d’hommes et de femmes en quête de vérité dans cette aventure qu’on l’appelle « la spiritualité par les pieds », ou « l’appel du désert », ou « le désir de vérité ».

Je n’oublierai pas le bivouac commun du samedi soir à Chamberboux, avec les nombreuses délicatesses préparées par l’équipe de tête ; j’ai encore le goût du sirop de menthe donné à chacun à l’arrivée et… des autres aussi (je confesse que je les ai tous goûtés : 1ère expérience d’un péché de gourmandise de sirop !)

Je n’oublierai pas la veillée et ses chants ; la beauté des témoignages, parfois un peu longs, qui voulaient partager l’indicible expérience de chacun vécue autant dans les profondeurs de l’âme que par… les corps aux pieds. Il fut pertinent de les situer dans les différences et les idéologies de chaque décade.

Je n’oublierai pas l’émotion contenue, belle et vraie de chacun, en particulier de Michel, de Roberto.
Vous avez nourri mon espérance de prêtre.
Je n’oublierai pas l’arrivée humble et discrète de Mgr. Benoît Rivière se fondant dans la grande famille des goumiers, comme s’il disait en paraphrasant Saint Augustin : « Pour vous je viens comme évêque, mais parmi vous et avec vous je suis goumier ».

Je n’oublierai pas la messe sur le monde au sommet du Chabriot, devenu pour l’heure comme l’antichambre du Paradis, trait d’union entre le ciel et la terre, nouveau Mont Thabor des Goumiers d’où nous sommes repartis transfigurés pour transfigurer le monde, non plus à la force du poigner, mais par la force de l’Esprit Saint qui nous habite et agit en nous et par nous selon notre humble docilité.

Comme je l’ai dit aux Goumiers de mon raid le dernier soir : « vous avez nourri mon espérance de prêtre » et je pense que tout Padre fut pareillement touché. Si nous devons entraîner d’autres jeunes, c’est aussi vrai pour les prêtres de nos paroisses : qu’ils découvrent la grâce d’accompagner un Goum comme Padre, lui-même Goumier.

Rendez-vous en 2020 pour le jubilé des 50 ans : j’y serai !

29 septembre 2010

Partir !

(D'après Spiritualité des raids Goums dans le désert, Padre Etienne Roze, 1994)

Il faut plus d'un tour de force pour partir ! Régler les derniers problèmes, surtout les plus inattendus, 'caser' les enfants pour ceux qui en ont, attraper la liste des affaires à emporter, bourrer son sac de choses utiles et moins utiles, faire le plein de vide parce que le vide est toujours moins lourd à porter ! Ne pas oublier les horaires de voyage, le lieu de rencontre, embrasser une dernière fois ses proches et puis sauter dans le train... Ouf !

Partir, pour les Goums, c'est avant tout quitter quelqu'un et laisser quelque chose : des personnes que l'on côtoie, des amis que l'on chérit, des ennemis que l'on supporte. Des activités prévues, garanties. Un confort assuré. Le lieu de la vie quotidienne, arfois monotone, routinier. Mais aussi une année d'études achevée par des examens exténuants... "Le Seigneur dit à Abraham : quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père pour le pays que je t'indiquerai. Je ferai de toi un grand peuple et je te bénirai". Abraham partit comme lui avait dt le Seigneur (Genèse 12, 1-4)"

Partir, pour les Goums, c'est changer de milieu. Dans un monde lancé à 100 à l'heure sur les pistes du "travail-à tout-prix" et du profit maximal au mépris de la personne, dans le bruit incessant et dans des villes parfois surpeuplées et agitées, il est assez difficile de se "situer". Une thérapeutique s'impose d'urgence : inverser ses conditions de vie et, au moins une semaine par an, changer de cadre.

"A ces mots, tous dans la synagogue furent remplis de fureur. Et, se levant, ils poussèrent Jésus hors de la ville et le conduisirent jusqu'à un escarpement de la colline pour l'en précipiter. Mais lui, passant au milieu d'eux, allait son chemin(Luc 4)"

Partir, pour les Goum, c'est se quitter soi-même. Laisser ses amis, un appartement, est encore de l'ordre du possible. Mais soi-même ? La déchirure sera beaucoup plus difficile et plus longue. Car chacun traîne sa carapace derrière lui, à longueur de vie ! Des souvenirs, des attaches secrêtes, des ennuis à n'en plus finir, des préjugés, des faiblesses, des complexes, des apparences que l'on s'invente pour paraître, et surtout des questions angoissantes parce que sans réponse. Ce qui importe, c'est de se quitter tout de suite, tel qu'on est. Car à vouloir être parfait, il y aura toujours une excuse pour ne pas partir. Le désert, la marche, le silence feront le reste. De toutes façons, à la fin il faudra bien tout quitter !

Partir pour les Goums, c'est se convertir. Là encore, il s'agit d'une... Télécharger la totalité du texte en pdf.