1 mars 2017

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 raids ne peuvent pas connaître...

Je vous parle d’un temps que les moins de 20 raids ne peuvent pas connaître…
Le temps du papier et de la lettre postée, le temps du fax et du téléphone à cadran, le temps des circulaires manuscrites expédiées en grand nombre du fond de sa Provence. Le temps de l’écrit et de la comptabilité manuelle. Le temps du service d’un autre temps…

Le temps des pionniers et des fondateurs, de la première équipe, des ouvreurs de piste et des serviteurs au long cours…

Il fut ce temps où l’aventure Goum, qui pour le commun des Goumiers paraissait se développer sans effort et relever de la génération spontanée, reposait sur le don sans limite de quelques chevilles ouvrières, sans lesquelles nous ne serions – peut-être – plus là aujourd’hui.

Oui, frère goumier qui vient de rejoindre l’aventure ces dernières années, il fut le temps de… Jean, dont pas un seul goumier n’ignorait ni le nom ni l’adresse.

Lanceur à ses débuts, trésorier, attaché de presse, annuaire vivant et véritable base de données de notre aventure, gardien de la méthode et des parcours de raid, cet humble peintre-papetier marseillais avait très tôt emboité le pas de Michel et de ses Raiders scouts.

Présent depuis les origines et pour une génération entière de goumiers, Jean LATIL, qui vient de nous quitter dans sa quatre-vingt dixième année… était les Goums.

Il faut dire qu’il était attachant notre Jean. Goumiers et lanceurs des années 80 et 90 gardent en mémoire bien vive les conversations téléphoniques et chantantes du soir où nous refaisions l’aventure, où nous débriefions de notre raid, où nous préparions le suivant, où nous venions chercher le nihil obstat de celui sans qui aucun raid n’aurait pu partir.

Ses interventions régulières aux assemblées générales, au cours desquelles il présentait chaque année non sans humour et détachement les comptes et bilan de l’exercice écoulé, étaient attendues et faisaient le bonheur de tous. On l’écoutait religieusement, on riait beaucoup, même s’il n’épargnait pas pour autant les lanceurs quand ils prenaient quelques libertés avec ses conseils.

Les Goums prenaient leur essor et Jean voyait venir la nouvelle génération avec un Espérance inquiète. Mais la fidélité, l’amitié et la joie de ces retrouvailles annuelles achevaient de le rassurer. Il en avait besoin quelques fois notre Jean.

Au début des années 2000, les boites aux lettres électroniques supplantèrent celles de la rue de La Turbine à Marseille puis celle de l’avenue Alfred Capus à Aix-en-provence, qui pendant 20 ans n’avaient pas désempli… Le calendrier des raids s’affichait sur le net depuis que le premier site fut mis en ligne le 8 décembre 1999. Les échanges papier disparaissaient peu à peu du quotidien des Goums.

L’ « administration » de nos marches changeait un peu dans la forme. Mais Jean demeurait, aux côtés de Marie-Andrée, et avec les Michel, Jacques, Paul, Mylène, François, Didier, Jean, Estelle, Stéphane, Agnès, Laurence, Isabelle, Olivier et tant d’autres, l’âme de notre aventure.

Autour du feu de bivouac qui brûle pour nous là-haut, les paillasses bien disposées en étoiles et le tas de bois méticuleusement agencé, notre vieux frère Jean a trouvé la joie d’une nuit sans fin à la belle étoile. A bientôt Jean !

Xavier