7 mai 1999

Quand les Goums arpentent le Causse...

Les voilà. Ils sont revenus... Mais qui donc me direz-vous ? Les Goums, ces jeunes que nous avons appris à connaître en les voyant sac au dos et revêtus de leur djellaba, sillonner les rues de notre cité et nos chemins caussenards. Nous leur cédons la plume avec plaisir.

15 jours après la Foire aux célibataires de La Canourgue, les robes de mariées ont été troquées contre les djellabas. En effet, les "marcassins" sont de retour, comme les hirondelles au printemps, pour venir se fondre dans notre paysage de roche et de verdure. Les premiers arrivés se sont retrouvés dans la collégiale de La Canourgue vendredi soir 16 avril. Après une messe d'envoi célébrée à la maison Saint-MArtin par l'abbé Badaroux, les 20 jeunes sont partis pour leur périple sur le Causse. Première étape l'ARchette sur le Sauveterre au sud de Mende.

Claire, 21 ans, orthophoniste à Toulouse : "cette première nuit de bivouac à la belle étoile fut un peu rude, 5 cm de neige récouvraient tout le lieu de camp au petit matin! Le vent soufflait dur et le réveil fut un peu difficile. Je suis venue faire ce raid pour aller quelque part au bout de moi-même et trouver le sens profond de la vie". Le père Lenail, jeune prêtre de la région parisienne rejoint les goumiers et célèbrera la première messe dans une grange en raison de la neige.

Le groupe traversera à pied et sac au dos le Causse de Sauveterre pour aller camper au pied du Puech d'Aluech, au sud de Saint-Enimie. Cette journée aura été un peu dure nous dit Olivier (44 ans, père de 4 enfants, bientôt 5 précise-t-il tout joyeux, directeur commercial dans une activité de Télécom à Paris) car, cette année, l'absence d'exercice physique se fait sentir. Marcher, pour moi, dans ce paysage désertique, c'est l'occasion de pouvoir me concentrer sur l'essentiel. Les longues journées de marche rythmées comme la vie dans un monastère me laissent le temps chaque année de discerner les points importants et les orientations de ma vie. C'est le 17è que je fais et chaque fois cette retraite m'apporte quelque chose de plus.

Arrivé au magnifique panorama de l'Aigoual, le groupe retrouvera le vent et la pluie. Julien, 24 ans, étudiant en 4è année de droit à Paris pensant rentrer au séminaire, vient chercher la proximité de Dieu grâce à la messe quotidienne et une relation fraternelle authentique avec d'autres catholiques par l'intermédiaire de l'aventure. Cet été, Julien partira à pied du Puy-en-velay vers Saint-Jacques de Compostelle : 1400 km en 45 jours environ.

Un autre, dans ce groupe,est aussi un grand pélerin. En effet, Henri, 26 ans, célibataire, ambulancier à Montauban, est parti à pied lui aussi, il y a deux ans, de Lourdes pour Médjugorie en passant par Rome : 1800 km en 77 jours! Seul mais avec 30 kg sur le dos... C'est après avoir lu "Dans le désert au pas des Goums", écrit par Michel Menu, fondateur des Goums il y a une trentaine d'année, qu'il a décidé de rejoindre un de ces raids : vivre une expérience de Dieu avec d'autres.

L'étape à Aures (au dessu de Meyrueis) est toujours synonyme de joie pour les Goumiers. en effet, régulièrement depuis 30 ans, Jeanne les attend avec de petits gâteaux et du thé chaud. La gentillesse et la chaleur de son accueil en ont fait une figure de légende.

A cette marche participent également Béatrice et Nicolas, fiancés : "il nous a semblé essentiel, dit Nicolas, de prendre un temps pour approfondir notre engagement moral et spirituel car nous savons que les deux mois qui nous restent avant le mariage risquent d'être consacrés uniquement aux détails matériels, lesquels sont secondaires" Béatrice, institutrice, rajoute "que ce compte dans une telle occasion, c'est de se découvrir dans l'effort et d'apprendre à se mettre au même rythme".

Benoît, ingénieur, futur séminariste, nous parle du déroulement général d'une journée : lever avant l'aube vers 5h45. Après un petit déjeuner frugal nous prenons une heure pour méditer individuellement sur un passage de l'Evangile. Ces paysages à l'infini me portent à la contemplation et à la prière. L'aumônier nous célèbre ensuite la messe sur un autel de pierres. Nous choisissons souvent un éperon rocheux dominant les gorges.

Puis le groupe part pour sa marche individuelle ou par petits groupes, chacun allant à son rythme et suivant son itinéraire : chemins de pierres ou traversée à la boussole. Nous nous retrouvons le soir pour le dîner suivi d'une nuit à la belle étoile.

Nous avons intérrogé Jacques, 45 ans, père de 6 enfants, organisateur de ce Goum, directeur de cabinet d'un ministère parisien : "pour moi, ces raids sont une école de vie, un moment privilégié pour amener les jeunes à se trouver, à se réaliser pleinement, à découvrir l'essentiel au travers de l'effort et d'un peu de dénuement. C'est en sé dépassant que l'on trouvera le goût d'aller plus loin et c'est souvent devant l'épreuve quer chacun découvre qu'il est porté par le groupe. Ainsi cette semaine permet de faire le plein d'essentiel pour le partager ensuite sur son lieu de vie." Et c'est par un bon repas servi à la maison Saint-MArtin par les collaborateurs de Melle Fages que le groupe terminera joyeusement ce raid Goum.

Merci à Olivier et ses amis pour ce reportage d'une semaine intensément vécue. Peut-être aurons-nous le plaisir de les revoir l'an prochain ; nous en serons heureux car ce sont des jeunes vraiment sympathiques, qui se font, autour d'eux et dans leur revue "A la belle étoile, les ardents propagandistes de notre Lozère trop méconnue de certain.