Mais au juste qu’est-ce qu’un « Jubilé » ?
Du point de vue biblique, c’est d’abord une solennité publique. Chez les Juifs, il se célébrait de cinquante en cinquante ans, amenait la rémission de toutes les dettes, la restitution de tous les héritages aux anciens propriétaires, la redistribution des terres et la mise en liberté de tous les esclaves.
Dans la vie des hommes c’est une fête célébrée au bout de cinquante ans d'exercice d'une fonction, au bout de cinquante ans de mariage, d’ordination pour un prêtre ou d’une profession religieuse ou monastique.
Alors je suis, en la circonstance, bien ennuyé puisque cet été nous allons célébrer les Jubilés des 40 ans des Goums, expression donc impropre !
Les années jubilaires proclamées par les papes dans l’histoire de l’Eglise vont nous sauver de la situation : le jubilé fut établi en 1300 par Boniface VIII, et ne se célébrait d'abord que de cent en cent ans ; Clément VI le réduisit à cinquante, Urbain VI à trente-trois ans et Sixte IV à vingt-cinq. Dans la religion catholique, tout jubilé ouvre à l’indulgence plénière, solennelle et générale, accordée par le pape en certains temps et en certaines occasions, avec une réflexion plus particulière sur les besoins de l’Eglise, en un temps donné et qu'il est universel. Ouf, nous voici rassurés : 100 ans ou 50 ans ou 33 ans ou 25 ans ; alors pourquoi pas 40 ans : les Goums ont le droit de marquer les 40 ans si magnifiquement justifié par Roberto. Nous avons tellement le désir de « Jubiler » !
Parce que chacun de nous a dans sa vie des seuils à franchir, qui nécessitent un temps de réflexion avant de s’engager, un temps où l’on se donne les moyens de se mettre à l'écart pour « ré-habiter » la beauté, la plénitude et le sens de notre humanité ; il fait le choix d’un Goum : c’est en quelque sorte une réponse à ce que Dieu propose à chacun. Chaque année, faire le choix de partir, de marcher une semaine, de dormir à la belle étoile, de cuisiner sur un feu de bois, de traverser la Jonte, la Dourbie ou le Tarn pour se laver, d’éprouver la fatigue et la soif, mais sans contrainte de toute sorte, sans autre impératif que d'avancer pas à pas à la recherche de Dieu, à la redécouverte de soi-même, à la contemplation de la Création dans la beauté de la nature et du regard de l’autre. Nous y vivons le mystère de l’incarnation : « une âme saine dans un corps sain » L'aventure dépasse les attentes de chacun parce que le Goum répond au besoin d'exister, en personne, en puissance, en beauté et en liberté !
Pour les « Goumiers » d’hier et d’aujourd’hui, le nouveau seuil à franchir réside dans le défi de doubler, de tripler les raids non pour le plaisir de faire du chiffre et d’en tirer vain orgueil mais pour sauver l’humanité de tant de jeunes qui cherchent leur espace de liberté pour donner le meilleur d’eux-mêmesSi tout jubilé est une action de grâce présente pour la richesse passée, il devient intercession présente pour accueillir l’ « à-venir » que Dieu propose.
Le dictionnaire en donne deux synonymes : exulter et triompher. Dans cette marche au long cours que représente un Goum, nous laissons Dieu « triompher » en nous du mal qui rode et Dieu Jubile ; quant à nous, dans la célébration jubilaire du dimanche 1er août, nous « exulterons » pour tous les bienfaits reçus de Dieu depuis 40 ans dans cette expérience inédite qui vaut bien un « Jubilé »
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